Interview de Clovis Prévost, de son épouse Claude Prévost, 

de Georges Maillard le mardi 17 Octobre 2017 à la Villa Daumier (Valmondois).

Questions adressées à Clovis Prévost :


1) A quel âge avez-vous commencé à faire des photographies ?

J’avais 21 ans. J’étais étudiant en Arts. Je suis parti à Barcelone puis j’ai fait une rencontre extraordinaire.

2) Est-ce que vous préférez être écrivain ou photographe ?

J’aime faire les deux. Je suis autodidacte. Claude écrit beaucoup de textes, elle transcrit.

3) Combien avez-vous fait de photographies ?

J’en ai fait beaucoup.

4) Combien de temps votre exposition est-elle restée à la galerie Maeght ? 

Quelques mois.

5) En quoi consiste le métier de photographe ?

Le métier de photographe est personnel. On voit quelque chose qui nous plaît, qui est beau, on le prend en photo.

6) Avez-vous déjà réalisé un film ? Si oui lequel ?

J’ai réalisé une vingtaine de films, des documentaires de création ; c’est la démarche des artistes qui m’intéresse.

7) Arrivez-vous à vivre de vos métiers ?

On n’a pas à se plaindre. Ce n’est pas facile car nous sommes indépendants. On arrive à en vivre. Pour Georges, il ne faut pas avoir PICASSO en référence.

8) Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Les sources d’inspiration sont les artistes que j’ai rencontrés. Pour Georges, ce sont les pierres. Le minéral est une source déclencheur d’inspiration. Pour Claude Prévost, « le Facteur Cheval » recevait des revues. Détails de l’église de GAUDI à Barcelone. Georges MAILLARD : ce sont des silex, des pierres que l’on trouve des falaises en Normandie. Le silex prend la couleur de la roche qui l’entoure.

9) Quels sont les artistes que vous avez préféré photographier ?

On aime partager ; la rencontre des gens possédés magiquement par la Création ; chaque individu peut sortir une œuvre originale. C’est une leçon de vie.

10) Quel artiste vous a le plus marqué dans votre carrière ?

On ne fait pas de séparation entre les artistes très célèbres et les artistes de l’ombre (CALDER). Pour Georges : Jacques TATI/ FELLINI dans le cinéma.

11) Combien avez-vous fait de films ?

J’ai réalisé une vingtaine de films.

12) Choisissez-vous un décor pour vos photographies ?

Le décor est le lieu que l’on photographie : le jardin de pierres ; dans la nature, le décor est déjà là (Georges). Le miroir est une déformation (fille des PREVOST). Importance de la musique dans les créations : André ROBILLARD (artiste qui fabrique des fusils ; petite télévision à piles).

13) Quel genre de photos prenez-vous ?

On ne sait pas s’il y a un genre dans la photo. Les photos en noir et blanc sont anciennes. On prend en photo des détails précis.

14) En quoi consiste le métier de cinéaste ?

Le cinéma est un outil de recherche qui peut aboutir à une exposition.

15) Quel matériel utilisez-vous pour la photographie ? Quel type d'appareil photo utilisez-vous ?

Du sel argenté dans les photos. Le noir et le blanc, c’est le triomphe du contraste, c’est plus

visionnaire ; côté brumeux des rêves. Georges : il y a une part de mystère.

16) Qu’est-ce que l’Art brut ?

C’est une réflexion qui s’est faite par Jean DU BUFFET ; dans les années 1960, exposition d’art brut (des gens en soin, enfermés, traitement médical). Ce sont des singuliers de l’Art, des autodidactes, ceux qui sont en marge.

17) Rencontrez-vous des difficultés ?

C’est un exutoire, un moyen de se libérer de ses névroses (Georges). Georges a été bûcheron, facteur.

Questions adressées à Claude Prévost : 


1)Est-ce que c’est vous qui avez eu l’idée d’écrire le livre « Les Bâtisseurs de l’imaginaire ? 

» Clovis n’a pas fait le livre seul, je l’ai aidé.

2)Combien avez-vous publié de livres ?

J’ai publié une dizaine de livres.

3)Avez-vous toujours voulu être écrivaine ?

Non pas forcément, c’est quand j’ai fait des études.

4)Quelles raisons vous ont amené à exercer ces métiers ?

Ce sont les rencontres avec les artistes, les étonnements, les surprises, aller voir au-delà des apparences. La photographie n’est pas objective ni neutre.

5)Pouvez-vous nous expliquer le métier d’écrivain ?

Être écrivain, c’est un travail de patience.

6)Combien de temps avez-vous mis pour écrire votre ouvrage ?

« Les Bâtisseurs de l’imaginaire » est le résultat de 50 ans de travail.

7)Recommanderiez-vous ces métiers ?

Oui pourquoi pas. On a beaucoup de satisfaction et de rencontres intéressantes. C’est un travail choisi.

8)Quelles photographies de votre époux préférez-vous ?

Je préfère celles qui n’existent pas encore.

9)Combien de temps vous consacrez- vous à votre métier ?

Georges travaille la nuit. Il imagine ce qu’il va faire en dormant; on travaille quasiment tout le temps.

10)Que veut dire « Les Bâtisseurs de l’imaginaire ? 

»Construire ; des gens qui ont des difficultés existentielles qui se reconstruisent ; « imaginaire » = mental. Monsieur G. avait des hallucinations. C’est le rêve d’un tas d’autres choses.

11)Travaillez-vous seulement avec votre mari ?

Oui, je travaille beaucoup avec mon mari.

Clovis est très technicien, très habile pour les tirages. Notre première photo était dans la salle de bains ; on a donné nos négatifs à des laboratoires. C’est un travail d’équipe. J’ai enregistré les gens, fait la documentation, recherché des renseignements sur chaque lieu.

12)Comment avez-vous su que vous étiez des ARTISTES ?

Georges : ce sont les autres qui m’ont dit que j’étais un artiste. Beaucoup de personnes ont envie de se faire un musée personnel. L’art total nous intéresse, leur vision cosmique.

13)Avez-vous dû voyager pour votre travail ?

Nous avons fait des rencontres de surprise, on est obligé de se déplacer.

14)Avez-vous des passions en commun en littérature ?

Le cinéma est un outil de recherche qui peut aboutir à une exposition.

Tout le monde a sa petite culture.

15)Quelles sont les études que vous avez faites ?

« Le facteur cheval » a été un point de départ pour mon mémoire quand j’étais étudiante. J’aime la recherche humaine, être impliquée dans un groupe ; étude de sciences humaines (ethnologue). Beaucoup de sites ont disparu ; une association s’est créée grâce à des personnalités autour du problème de ce classement. Une association nous a permis de faire un film. j’ai fait une école des Beaux-Arts.

16)Qu’est-ce que vous aimez dans l’Art ?

Nous aimons partager dans l’Art.

17)Faites-vous beaucoup d'expositions ?

L’exposition à la Galerie MAEGHT a duré quelques mois. Les expositions ne sont pas systématiques ; la prochaine est dans quinze jours en Bretagne à Concarneau.

Exposition du 14 janvier au 11 février 2018

"Les petits formats"

Clotilde Prévost 

artiste pluridisciplinaire. «Mouches» et «Abeilles». 

Après des études d’arts, Clotilde Prévost s’intéresse à la scénographie d’exposition et de théâtre; sa création se rapproche ensuite des éléments et de la nature à travers la peinture, la photographie, la sculpture, la vidéo et le son. 

Depuis une dizaine d’années, Clotilde Prévost travaille sur la sculpture environnementale et sur le thème de l’animal, actuellement les insectes. 

Elle développe sur ses «Mouches» et «Abeilles» d’acier et de laiton des jeux de miroirs et explore les possibilités de l’art du vitrail, créant des assemblages raffinés vibrant sous la lumière. 

Elle aime associer à ses sculptures le matériau sonore qui anime ses œuvres de vibrations proches de celles des insectes, lors de performances musicales avec Anouch Donabédian-Krikorian au kamancha (vièle à archet, ancêtre oriental du violon).

Dorneuv 

Mes bijoux sont comme des petits jardins poétiques et lumineux. Chaque détail infime soit-il est précieux et est réalisé avec minutie car lui seul fera que le bijoux deviendra unique. 

Mon inspiration est guidée par la nature qui m’entoure, la musique, l’art... nouveau et japonisant... 

Bref tout ce qui touche ma corde sensible... 

Mes bijoux sont composés de perles de verre de cristaux, de laine feutrée, de porcelaine... Le rêve est à portée de vos yeux... bon voyage!

Dominique Gohin-Andrieu 

sculpteur 

vit et travaille à Pontoise Artiste plasticienne, Dominique Gohin-Andrieu a pris des chemins buissonniers avant de fendre l'armure dans la sculpture. Etudiante à l'Ecole des des Beaux Arts de Paris de 1972 à 1975 à l'Atelier Caron en peinture, Dominique Gohin-Andrieu mis son art en jachère pendant quelques années pour mieux rebondir. Depuis une dizaine d'années, son œuvre n'en finit pas d'exploser, de pétiller. 

De sa pépinière d'arbres, à ses racines qui sont son projet actuel, Dominique Gohin-Andrieu nous surprend et nous appelle à revenir sur ce qui nous est essentiel, nos racines, la rencontre autour de l'arbre : celui qui existe avant notre arrivée sur terre et ce qui nous précédera après notre dernier souffle. 

Dominique Gohin-Andrieu est "perméable" à l'actualité. Elle a été sensible récemment aux migrations de populations. Et elle a "puisé" dans la lauze aveyronnaise pour assoir et donner de la force à ces pièces qui s'interrogent et nous interrogent sur notre condition humaine. 

Son travail nous rappelle nos propres cheminements intérieurs et physiques. Démarche qui peut apparaître pour certains d'entre nous avoir une dimension mystique. A chacun sa liberté d'interpréter ou d'être interpellé. 

invitation au voyage de la matière. 

Alain Andrieu

Ivana Gayitch ... 

Etre présent au monde et tout d’abord renouer avec ses éléments naturels, les observer, les « re-créer » afin de redéfinir mes rapports avec eux et revenir à une perception intuitive et méditative. 

Ainsi, en utilisant des matériaux naturels broyés tels que oxydes métalliques, minéraux ou végétaux que je travaille par couches successives, je cherche à refaire le cheminement de la nature , strate après strate et, à travers cette confrontation avec ces éléments, à sentir comment les choses se lient, s’opposent et se transforment. 

Entre réalité et abstraction, je chemine ... du lisse au rugueux, du fluide au solide, du tangible à l’imaginaire, cherchant ainsi à entrer en résonance avec le monde.

Anne Guével 

"Sculptures en grès inspirées des douceurs et des peurs des jardins de l'enfance "

Sakini 

Sculptures/Recyclages

Quand je marche ( en ville ou à la campagne ) mon œil est toujours à la recherche de petits morceaux de toutes sortes ( metal, verre, faïence, pierre , bois). 

Je collectionne ces fragments tombés, perdus, oubliés, afin de leur redonner vie . 

Une fois dans l'atelier mon travail devient intuitif .. 

je laisse ces fragments me guider, me parler, selon leurs formes , leurs matières , leur couleurs et leur personnalités .

Exposition 21 octobre au 12 novembre 2017

Micheline Gropman : Couleur é moi

Du 21 octobre au 12 novembre, Micheline Gropman expose à la Villa Daumier. Pendant trois semaines, l’artiste peintre propose une centaine d’oeuvres réalisées entre 2010 et 2016 dans son atelier de Valmondois. Hasard de la vie, enfant, elle avait déjà séjourné dans le village en home d’enfants avec son frère aîné. Membre active de l’association des Amis d’Honoré Daumier depuis l’ouverture de la Villa, Micheline Gropman puise son inspiration de ses voyages, des musées qu’elle fréquente assidûment, de sa vie familiale et de la beauté, bien sûr, des paysages du Vexin qui ont été « une révélation et m’ont poussée à suivre une formation.» Michel Guevel, président de la Villa Daumier et ami de longue date, admire le travail de l’artiste. « Micheline regarde autour d’elle et prend ce qu’elle voit. Un bord de mer, une théière, des choses modestes, simples. Elle a un œil extraordinaire car elle sait quand elle doit arrêter son trait. Jamais elle n’en fait trop. Cela donne de la légèreté à sa peinture», a-t-il complimenté lors du vernissage de l’exposition Couleur é moi le 21octobre. Sa progression, elle le doit à l’un de ses professeurs Dominique Chauveau. Micheline Gropman se souvient : « Il m’a conseillé d’arrêter le crayon pour me concentrer sur la couleur. Il m’a également encouragé à travailler de mémoire. Je regarde aussi souvent en l’air lorsque je marche pour trouver mon inspiration. C’est sans doute pour cela que je suis si souvent tombée ! ». En juillet dernier, cette grande admiratrice du travail de Morandi, De Staël et Rothko a pris sa retraite après avoir exercé pendant une quarantaine d’années comme… pédiatre à l’hôpital puis en libéral à Paris. Même pendant ses études de médecine, elle se rendait à un atelier « modèle vivant » des Beaux Arts, en toute clandestinité. « L’art m’a toujours accompagnée. À certains moments difficiles de ma vie, il représentait une parenthèse pour échapper à la réalité», confie Micheline Gropman.

Jonathan Rapaport

Exposition du 8 au  29 mai 2016

L’Illustrateur Daniel Maja à la Villa Daumier

Daniel Maja était l’invité exceptionnel de la Villa Daumier, samedi 7 mai. lors du vernissage de l’exposition qui lui est consacré pendant trois semaines. Dessinateur de presse, il a collaboré pour des publications prestigieuses comme Le Monde, Le Figaro, le Nouvel Observateur ou encore le magazine américain The New Yorker. Egalement humoriste et illustrateur de livres de jeunesse, Daniel Maja, 73 ans, possède un blog très prolifique intitulé La Vie Brève. En huit ans, l’artiste a en effet publié quelque 800 dessins. « L’exposition s’articule autour de mon blog. J’ai volontairement mis de côté mes illustrations de presse, précise Daniel Maja. Je suis vraiment enchanté d’être exposé ici car le niveau culturel des visiteurs est très intéressant. Ils ont un vrai rapport à l’art, à l’image et à la littérature. C’est mon ami illustrateur Zaü avec qui j’étais dans la même classe à l’école Estiennes qui m’a parlé de la Villa Daumier car il est aussi venu exposé à Valmondois.» La vie Brève, ce sont des dessins, plein d’humour et de fantaisie, accompagnés de textes écrits par Daniel Maja lui-même. Janine Kotwica, critique spécialisée dans l’illustration et chercheuse a signé la préface de l’ouvrage tiré du blog. Depuis des années, elle a pris l’habitude de laisser après chacune des publications de La Vie Brève, un petit commentaire en latin. «On rencontre du beau monde sur ce blog, écrit-t-elle. Tous les locataires de l’Olympe descendent régulièrement, avec leurs héroïques comparses, en villégiature à Saint-Mandé, bousculés et détournés avec une familiarité joyeuse. Y traînent aussi, avec une élégante nonchalance, des philosophes et des savants, des écrivains, des musiciens et des  peintres,  même des ermites, stylites et anachorètes, et d’étranges ecclésiastiques.» Parmi la centaine de visiteurs présents lors du vernissage dont Janine Kotwica, Chriss, ami de la Villa Daumier «adore la mise en scène de l’humour», de Daniel Maja. Sandra, de son côté, est venue spécialement d’Andrésy (Yvelines), autre haut lieu de l’impressionnisme pour voir l’exposition. «Je trouve que ce que fait l’artiste est vraiment charmant. Les illustrations sont belles et les textes qui les accompagnent très poétiques. On sent qu’il n’a pas de contrainte et qu’il est totalement libre.» Daniel Maja prépare actuellement une exposition à Berlin avec d’autres illustrateurs de presse : Pancho, Nicolas Vial et le regretté Honoré, assassiné avec ses amis caricaturistes Cabu, Tignous, Charb et Wolinski lors des attentats contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. 

Jonathan Rapaport

Exposition du 11 au 25 janvier 2015

Plantu, invité exceptionnel de la Villa Daumier

Le 10 janvier, le dessinateur du Monde a présenté, dans un contexte lourd et difficile, le film Caricaturistes, fantassins de la démocratie et inauguré l’exposition du même nom. L’occasion de découvrir à la Villa Daumier le travail de douze artistes engagés et parfois en danger jusqu’au 25 janvier. 

Comme un funeste présage. Prévue de longue date et repoussée à plusieurs reprises, l’exposition Caricaturistes, fantassins de la démocratie s’est finalement tenue le samedi 10 janvier, en présence du dessinateur vedette du journal Le Monde, Plantu. La question s’est bien sûr posée de tout annuler, au vu des évènements tragiques de ces derniers jours qui ont fait dix-sept morts dont cinq caricaturistes de Charlie Hebdo (Cabu, Charb, Honoré, Tignous,Wolinski) assassinés par des Djihadistes. «En ces circonstances, la manifestation devait se tenir », a cependant indiqué d’emblée Bruno Huissman, le maire de Valmondois. Très ému, Michel Guevel, président de l’association des amis d’Honoré Daumier à l’origine de l’exposition, a tenu à rendre hommage à ces dessinateurs «héros malgré eux, modestes et aux grandes qualités humaines. Il y a quelques années, nous avions reçu Cabu à Valmondois, un homme d’une extrême gentillesse. Les caricaturistes sont finalement de grands enfants qui cherchent à éclairer le monde et ont horreur de l’injustice. » Plantu a ensuite rappelé que la commune est «la patrie d’Honoré Daumier, l’ancêtre des caricaturistes qui avait été inquiété en son temps et même jeté en prison. Aujourd’hui, dix-sept familles sont dans le désarroi. Nous sommes ensemble un peu en communion. C’est le cas aussi en ce moment en Espagne, à Tel-Aviv ou encore en Palestine. Avec les crayons, on fait des ponts entre les peuples, les opinions, les religions. » Le préfet du Val-D’Oise, Jean-Luc Névache fut le dernier à prendre la parole : « La fonction de l’État c’est de permettre, à vous journalistes de caricaturer, d’être irrévérencieux et blasphématoire», a-t-il conclu sous les applaudissements des quelque 400 personnes présentes. Avant la projection du remarquable documentaire de Stéphanie Valloatto, qui met en scène douze caricaturistes (Plantu, Jeff Danziger des Etats-Unis, Angel Boligan du Venezuela, Mikhail Zlatkovsky  de Russie…) dans leur quotidien, les Valmondoisiens se sont fait tirer le portrait en portant l’affichette «Je suis Charlie ». Plantu a apporté sa contribution en dessinant une colombe avec un stylo. «La liberté c’est la vie », a-t-il écrit avant d’inaugurer l’exposition où une salle du premier étage de la Villa Daumier lui est entièrement consacrée. «Je participerai à la fabrication des prochains Charlie Hebdo. Ce qui s’est passé, ne me fera pas changer ma manière de dessiner, confie celui qui a déjà été menacé comme beaucoup de ses confrères. Quand une femme est lapidée ou une petite fille excisée et qu’il y a atteinte aux Droits de l’Homme, c’est notre boulot d’en parler. » La Villa Daumier est pleine à craquer. Les spectateurs ont la mine sombre, encore sous le choc de cette semaine terrible pour la démocratie et la liberté d’expression. «L’expo prend encore plus de sens aujourd’hui, note Cybia, spectatrice venue spécialement de Paris. On apprend parfois beaucoup plus de choses sur la politique et la dictature dans certains pays grâce aux caricaturistes que dans la presse écrite », estime-t-elle. «Plantu a vraiment joué le jeu, assure de son côté Florence qui a donné un coup de main pour l’organisation. Il n’y a jamais eu autant de monde ici. Il faut dire que nous avons été rattrapé par l’actualité. » 

Jonathan Rapaport

Exposition du 5 au 26 octobre 2014

AQUOISERTLALUMIÈREDUSOLEILSIONALESYEUXFERMÉS

Jocelyne Maillard

Invitée à exposer à la Villa, j’ai eu envie de faire un travail en résonnance avec Honoré  Daumier, d’aller à la rencontre de cet homme, graveur, peintre, sculpteur et caricaturiste.  

Je suis attirée par son engagement, son regard sur son siècle, l’esthétique de l’époque,  la gravure, le relief, le noir et blanc, l’obscur, les dessins de Victor Hugo, ses encres qui  coulent...  Je découvre que Honoré Daumier meurt aveugle à Valmondois. Sa dernière litho- gra-  phie : une illustration pour “les Châtiments” de Victor Hugo.  

Un artiste peintre qui perd la vue...?  

Cette pensée m’aspire comme un trou noir qui empêche la lumière de s’échapper.  

Je veux pénétrer l’espace mental de cet homme.  Eprouver l’obscurité. Déflexions et distortions.  Toucher une infinité d’images fantômes. La recherche de l’invisible, une mémoire, des  traces, des empreintes.  Le noir et blanc, l’enfermement, l’ “handicap”, l’isolement sont des thématiques récurrentes dans mon travail.  

Sculpteure, j’implique mon corps dans l’acte créatif, l’utilise comme un outil.  

Aquoisertlalumièredusoleilsionalesyeuxfermés est une oeuvre in situ. Je prends possession de la villa pour faire résonner des sensations. Je couvre le sol de quarante m2 de  plaques de terre cuite émaillée. J’envisage cette fresque comme une chorégraphie et  

Je vous invite à “marcher sur les murs”. 

Jocelyne Maillard

Exposition du 19 janvier au 9 février 2014

LE TACTIL ET LE REVE

J.M Clairet

La peau prend forme dans le vœu 

dans le rocher du songe.

Le corps se subtilise

se vêt de durée.

L’Homme fouille sa grandeur.

De hautes strates s’émeuvent sous l’argile des chairs.

Mi-humus    mi-bouddhas

les muscles se tendent      les visages se regardent.

Le désir mousse d’impudeur.

Concrétions des solitudes opportunes 

dans la reptation de la terre avaleuse de rêves.

Le souffle permute d’un geste à l’autre.

La tension s’émascule

contacte  la grâce incendiaire.

Le Féminin se love 

irradié dans la propagation de la beauté.

Le rêve inonde

parure au temple de l’éphémère

imbibé de clarté au temple de l’effet mère.

Vertiges conducteurs d’air à la coupe de l’œil.

Transe-apparessence.

Race de l’aube.

Vestiges du Verbe conquérant au feu qui le dénude.

Orfèvre orphique pour rêveurs en mauve.

Eloge du simple dans le songe insatiable.

Placide durée acquise au rite des profondeurs.

Ces yeux ont vu le taire du monde.

Lenteurs approchées au Féminin du monde.

Regards instruits aux silences.

Puisse l’Histoire dans l’orbite se solidifier

s’amasser sous l’exil.

Le geste songe sous les huissiers du mystère.

Demeure la poudre d’or aux fontes de la vision.

Le corps, ailé du doute

Sombre dans l’Etre, puis dans l’Homme

à faveur des ombres navigables.

Sous le regard en voûte

le teint

la peau

la transe 

la volupté terrigène

matrice des tremblements

mendient la pureté

lorsque l’homme hume sa trace.

Maturité de l’aube

Tatouage mère

Empreinte belliqueuse et primordiale

Emblème de la démesure dans l’étole du désir.

La faim de chair dans l’oxyde des choses innommées

dans l’attraction des mondes retranchés

cherche sa source au regard fertile du Bouddha.

Après s’être longtemps cherché

le corps s’imbibe de lumière.

Plastique de la pierre, parente du miracle.

Le Féminin s’ensorcèle

L’or étreint les entrailles.

Imprimé sur l’arc du souvenir

l’air couve des anneaux femelles.

Tendres mythologies

où luit l’ondulation.

Dramuscule du serpent incantateur de tragédie.

Le jour

corps subtil de l’œil

se traduit dans l’aune riveraine de la peau.

Emulsion de chair

ointe du feu fauve aux pulsions animales.


Anne de Commines

Exposition du 13 octobre au 3 novembre 2013

Fabien Calcavechia

Nu

Fabien Calcavechia

Il s’agit d’un parcours. 

Un parcours « paysagé », dans ces instants où la lumière n’est pas encore présente ou si peu. 

La lumière trop faible pour comprendre, qui se refuse à décrire. 

Un éloge de l’ombre. 

L’un de ces instants, au réveil, où le rêve et la réalité se rejoignent, se mélangent, 

Laissant l’âme encore inquiète de la nuit, à ses interrogations. 

Un paysage qui nous ment, immobile et pourtant imperceptiblement animé. 

Il s’agit de poses qui émulsionnent ces peaux. 

Il s’agit d’un vêtement. 

Le fruit du mélange entre l’ombre et le mouvement. 

Un mouvement que seule la vie inspire, sans intention. 

Il s’agit d’un corps. 

De corps qui ne se montrent pas et qui portant se donnent 

Il s’agit de corps qui se dénudent, 

En un temps différent, celui de la pose. 

Là où les frontières s’évanouissent, pour laisser place à cette étendue rêveuse.

Résurrection

Matthieu Giroux

Dans le silence des cimetières où les morts ont trouvé leur dernière demeure, Fabien Calcavechia est venu chercher ce dont témoigne encore la frêle esquisse de leur barque de pierre.


De quoi parlent ces croix et ces christs mimant l'éternité, arrachés aux moules des fabriques? De lambeaux de religion dans des fragments de chair, sans doute, mais surtout de la dernière trace d'une vie rendue à son mystère. 


Il s'agit de nous parler d'une vie, comme le résumé d'une trajectoire qui va du néant à une nuit qui n'est pas tout à fait rien, de l’élan précaire de la chair, du corps ou du visage d'un mort représentant de tous ceux qui ne sont plus.


Ci-gît un homme, une femme, une histoire... quelqu'un chaque fois. 

Autant d'existences uniques réunies par un destin commun. Ce qui ressuscite alors, c'est la beauté de notre cheminement dans sa précarité, livré à la mort et remis entre les mains incertaines de la mémoire. Ce qui se montre dans ces images, c'est l'aspiration à l'éternel telle qu'elle s'exprime dans le transitoire, dans une breloque périmée et négligeable, reliquat d'une espérance plus ou moins avouée, mais toujours folle.

C'est dans l'humanité de ces traces qu'on peut chercher Dieu.

Exposition du 14 septembre au 6 octobre 2013

Sophie DUMAS

Les toiles exposées, pleinement figuratives – avec une profusion d’objets quotidiens, surtout des grès, bols, gobelets, vases -, sont très belles et aussi très "réfléchissantes" à tous les sens du terme. Celle qui accueille le visiteur, qui le cueille à son arrivée, m'envoie immédiatement, en pleine face, les mots qui seront pour moi la modulation de toute cette exposition: "Nature morte en nature vive". 

Certes, Sophie Dumas peint ce qu'on appelle traditionnellement des natures mortes, avec tendresse et sensualité à l'égard des objets représentés, mais elle les confronte à la nature et cette confrontation se décline en multiples variations.  

La toile initiale, par exemple (mais plusieurs en reprennent le parti pris déclaré) se présente en trois parties juxtaposées, ostensiblement tranchées. Un objet, gobelet ou vase en grès, impérial dans sa nudité verticale, s’avance en partie centrale, alors que de part et d’autre, deux paysages horizontaux, se font modestes, retirés, discrets, soumis peut-être. Ici, la nature morte règne sur la nature vive à laquelle elle ne daigne pas se mêler. 

En revanche, un jeu subtil sur les miroirs, ceux-ci n'étant pas représentés en tant que tels mais révélés par leur action, montre l'envers des objets dont l'endroit est peint en premier plan, à moins que ce ne soit l’inverse. Si le miroir est un fragment de la nature morte, celui-ci a une incidence vivante sur le monde. De plus, la révélation du double des objets, normalement invisible, est intégrée dans une nature en arrière-plan dont on ne saurait décider si elle est simple reflet hors cadre ou si c'est elle qui reflète l'envers des choses. 

On peut s'enivrer d'un vertige qui déréalise le concret et concrétise l’impalpable, voire l’illusion. Ni la nature, ni la nature morte ne sont ce que l'on pouvait croire. 

Il y a d’ailleurs échange de propriétés entre l’une et l’autre. La surface réfléchissante n’est pas réservée aux natures mortes, tables lisses ou miroirs, elle est évidemment le propre des plans d’eau dans la nature. Et c’est alors que la réalité d’apparence misérable - une barrière d’immeubles qu’on devine insalubres et abandonnés -, devient glorieuse et magnifique dans sa réplique infiniment reflétée par l’eau dormeuse et magicienne. 

La peinture de Sophie Dumas, beaucoup plus riche que ce que j’en dis ici, se donne comme immédiate, transparente, évidente. C’est un art qui sait ne pas se draper dans un hermétisme prétentieux et qui n’en finit pas de distiller ses richesses dans une séduction claire et intelligente, l’intelligence du monde. 

Danièle Rosadoni